Après Maurice Pialat et son cinéma ancré dans le réel au mois de janvier, l’Institut de l’image revient à des fantaisies hollywoodiennes plus légères, même si George Cukor, longtemps considéré comme un spécialiste de la comédie sentimentale, a su diversifier son œuvre pour explorer d’autres genres, comme le drame noir gothique (Hantise). Les brillantes comédies et les somptueux mélodrames lui forgent une réputation de portraitiste des femmes, sinon de cinéaste féministe. Mais c’est bel et bien la guerre des sexes que Cukor s’est acharné à mettre en scène tout au long d’une carrière ponctuée de nombreux chefs-d’oeuvre.
Johnny Case, beau, insouciant et spirituel, n’a aucun mal à séduire la charmante Julia, rencontrée sur les pistes de ski de Lake Placid. Mais Johnny est loin d’imaginer que sa future épouse est la fille d’un richissime banquier qui n’approuve pas le projet de mariage de sa fille…
« L’humour cukorien se double toujours d’une vision pessimiste et acide de la nature humaine. Témoin ce Holiday, où un jeune homme amoureux mais pauvre, Johnny, est confronté au milieu social richissime de sa dulcinée et tente de s’y faire accepter tout en gardant ses rêves d’adolescent, où l’argent n’a pas de place. »
Mary est mariée à Stephen Haines, un homme d’affaires new-yorkais. Fidèle à son époux et mère d’une fillette, elle est entourée d’amies, qui savent quelque chose qu’elle ignore : son mari la trompe avec Crystal Allen, une vendeuse arriviste…
« Femmes est une comédie exquise. Une comédie sur les hommes et les femmes dans laquelle n’apparaît aucun homme et où les femmes s’en donnent à coeur joie. Toutes les actrices sont formidables. Un excellent exemple qui montre que la guerre entre les deux sexes ne se termine pas forcément par des coups de feu. »
Le directeur d’un journal à scandale de Philadelphie envoie un journaliste, assisté d’un photographe, faire un reportage dans une des riches familles de la ville, dont la fille se remarie avec un jeune loup de la politique…
L’un des sommets de la comédie hollywoodienne, où pour l’occasion Katharine Hepburn se voit associer non pas un, mais deux partenaires masculins (Cary Grant et James Stewart). Un trio explosif pour une formidable screwball comedy.
Anna Holm est maître-chanteur et, à cause d’une cicatrice défigurant son visage, méprise tous ceux qui croisent son chemin. Quand un chirurgien lui rend un visage normal, Anna devient tiraillée entre l’espoir de pouvoir commencer une nouvelle vie et les sombres tentations de sa vie passée…
Sorte d’apogée du classicisme de Cukor, le film multiplie les scènes d’anthologie et offre à Joan Crawford un rôle complexe et ambigu, à la hauteur de la légende qu’elle a fini par incarner.
Pour reconquérir son mari, une femme décide de se faire passer pour sa soeur jumelle, identique, mais beaucoup plus douce…
Le dernier film de Greta Garbo… « Cette comédie amorale et immorale – au point que l’Église américaine s’empara de l’affaire et que l’aura de Garbo en pâtit – devait marquer de manière abrupte les adieux définitifs de Garbo à l’écran. »
Durant ses vacances en Italie, Paula Alquist rencontre un pianiste, Gregory Anton, qui la séduit. Ils se marient et s’installent à Londres dans la demeure que la tante de Paula, mystérieusement assassinée, lui a léguée…
« Hantise correspond à une tradition très particulière : le « women’s picture » (Jane Eyre de Stevenson, Rebecca d’Hitchcock). Une femme épouse un homme, mais elle ne sait pas qui il est vraiment. Cet homme s’avère être un ennemi. (…) Hantise, c’est la version noire du couple pour George Cukor. Comment le couple peut-il exister ? Ou comment peut-il être détruit ? »
Doris Attinger blesse Warren, son mari, avec un revolver, au moment où il rejoint sa maîtresse dans les rues de New York. L’affaire Attinger va bouleverser la vie d’un couple de juristes, Adam et Amanda Bonner…
« La dimension politique du cinéma de Cukor apparaît ici très importante. Le cinéaste ne prône pas seulement une simple égalité sexuelle mais également une égalité morale et sociale. Le personnage de Spencer Tracy dit par exemple qu’il existe un impératif universel de soumission à la loi qui est un fondement de la démocratie. »
Norman Maine, acteur vieillissant et alcoolique, décèle en Esther Blodgett, une jeune chanteuse, un talent qui ne demande qu’à s’épanouir. Mais Norman, une fois marié à Esther, supporte mal le succès de sa femme et se remet à boire…
« Plus douloureux et mélancolique que la version originale réalisée par William Wellman en 1937, Une étoile est née selon George Cukor allie sophistication de la mise en scène et critique désenchantée du star-system hollywoodien. Judy Garland explose dans tous les registres et compose avec James Mason, son partenaire, un couple broyé par les illusions. »
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