Symbole éternel d’une féminité destructrice et irrésistible, Marlene Dietrich restera à jamais associée à L’Ange bleu, ainsi qu’à son génial Pygmalion, Josef von Sternberg. C’est lui qui la découvre au théâtre en 1929, lui fait passer une audition et l’impose contre l’avis de la maison de production et de la star masculine du film, Emil Jannings.

« Alors même qu’elles sont constamment mises en avant et sublimées par la mise en scène, les femmes incarnées par Marlene Dietrich dans les films de Sternberg nous échappent. Leur vérité intérieure ne nous est pas révélée d’emblée. Et ce tout simplement car dans le monde tel que le cinéaste le voit, la sincérité, la naïveté et l’innocence ne permettent pas de survivre. »

« Cela ne faisait pas quatre ans que Sternberg avait "inventé" sa Dietrich. (…) L’Impératrice rouge est le sixième et avant-dernier fruit de cette divine collaboration commencée avec L’Ange Bleu. Par bien des aspects, il en est le plus parfait. »

« Si Marlene séduit Cooper, c’est bien parce qu’elle travaille intensément à son apparence, et ce dans le moindre détail ; que cette accumulation d’artifices, dans son assemblage de choix, en dit plus long sur elle qu’une tirade dégoulinante de sincérité. Dans ce sens, en ce qu’elle construit son image de ses mains, Marlene apparaît comme entièrement vraie. »

Grand cinéaste de la stylisation, Lubitsch porte Marlene à des sommets de sophistication et d’ornementation, en retour l’actrice illumine le film dans un parfait échange.

« Tay Garnett triomphe des conventions par son sens de la mise en scène particulièrement fluide et efficace, une approche semi-parodique dans la peinture des personnages secondaires superbement incarnés, l’usage d’un double sens sexuel et la mise en place de situations proches du burlesque. »

« Si l’impériale Marlene Dietrich illumine de sa présence ce film sombre, c’est sans conteste sur l’excellent duo Robinson/Raft que repose toute l’incarnation du désespoir. »

« L’un des morceaux de bravoure de ce classique est l’interprétation par Marlene de la fameuse chanson "Black market". Or, il n’y a pas que le marché qui soit noir dans cette satire du Berlin de l’après-guerre : voir le propos et l’humour afférent. »

Fritz Lang a toujours dit avoir écrit ce western devenu mythique pour Marlene Dietrich, qu’il avait rencontrée à Paris alors qu’il y tournait Liliom. Son souhait était de lui attribuer le rôle d’une entraîneuse sur le retour mais toujours désirable.

« Le Grand alibi débute sur un lever de rideau, qui ne découvre pas la scène mais la cité londonienne. Dès le générique, nous savons donc que l’art théâtral va s’exercer loin des planches, dans l’univers du roman policier, donc dans celui du cinéma d’Hitchcock. »

« Premier film depuis Macbeth tourné par Welles sur le sol américain et pour une compagnie hollywoodienne, La Soif du mal sera aussi le dernier. Et le "Adios !" final de Marlene Dietrich restera comme une triste prémonition. »