« Un grand film allemand à la Murnau qui ne parle pas tant de la drogue que d’une certaine façon de la rencontrer – fatalement – lorsqu’on vient de Lübeck et qu’on va vers le soleil. »
« Français d’origine suisse – par son père, géologue – et allemande – une mère médecin, Barbet Schroeder naît à Téhéran, passe son enfance à Medellin en Colombie, trouve à Paris une famille de cinéma en fréquentant les « jeunes turcs » des Cahiers du cinéma, fait l’acteur pour Rohmer (La Boulangère de Monceau, 1962), Godard (Les Carabiniers, 1962), Rouch (l’épisode Gare du Nord dans Paris vu par…, 1965) ou Rivette (Céline et Julie..., 1974)… Moins convaincu que ses comparses par la politique des auteurs, il place avant toute autre considération l’indépendance de production comme garantie de la liberté du cinéaste et fonde avec son ami Éric Rohmer la société des Films du Losange en 1962. Il produira les films de Rohmer, Pollet, Rivette, mais aussi Schroeter et Fassbinder. Sonder l’œuvre de Barbet Schroeder relève presque de la géologie paternelle : les couches successives qui s’y révèlent sédimentent une histoire des techniques de tournage (c’est un incorrigible expérimentateur) en même temps qu’un aperçu (géo)politique du monde (…). Nulle coïncidence pourtant dans l’apparente hétérogénéité des thèmes qui composent une filmographie singulière : cinéaste autodidacte, Barbet Schroeder a creusé au fil des années une réflexion sur le rapport du cinéma au réel et à l’éthique nourrie d’un profond scepticisme à l’égard des valeurs morales de ses contemporains. En brouillant sans cesse les frontières entre documentaire et fiction, il s’est aussi attaché à mettre au jour la relativité de nos points de repère et de nos codes moraux. »
En quête d’aventure, Stefan, un jeune étudiant allemand, fait de l’auto-stop jusqu’à Paris. Il rencontre une jeune américaine oisive, Estelle, qui l’initie à la drogue. À la recherche de sensations fortes, ils se rejoignent à Ibiza, pour y vivre leur passion dangereuse…
« Un grand film allemand à la Murnau qui ne parle pas tant de la drogue que d’une certaine façon de la rencontrer – fatalement – lorsqu’on vient de Lübeck et qu’on va vers le soleil. »
Femme de consul, Viviane participe à une expédition en Nouvelle-Guinée. Elle s’éprend du leader du groupe, dont l’objectif est d’atteindre une mystérieuse vallée, où nul n’ose s’aventurer…
« La Vallée analyse le désir de fuite et de voyage de toute une génération pour déboucher sur une remise en cause de l’idée d’exotisme. »
Tour à tour naïf ou lucide, drôle ou inquiétant, illuminé ou sûr de sa force physique et de la mission qu’il doit accomplir, Amin Dada n’a pas fini d’intriguer, sinon d’inquiéter. Il est celui qui a acclamé Hitler, fait disparaître des milliers de personnes depuis son arrivée au pouvoir. À travers cet homme qui proclame « tout pouvoir se gagne par K.O. », Barbet Schroeder étudie sociologiquement et politiquement un pays en pleine mutation depuis le départ de la Grande-Bretagne…
Un jeune cambrioleur arrivé de province, Olivier, tombe amoureux d’Ariane, une femme dominatrice, et plonge dans l’univers du sadomasochisme…
« (…) Maîtresse est aussi une satire du pouvoir que Schroeder traque jusque dans la sexualité policée de ses contemporains, dans une entreprise quasi foucaldienne. »
Koko est un gorille de 7 ans. Penny Patterson, étudiante en psychologie, s’est fait confier Koko par le zoo de San Francisco. Elle lui apprend depuis son plus jeune âge le langage par gestes des sourds muets américains. Koko connaît 350 mots. L’un des plus vieux rêves de l’humanité se réalise : un animal parle avec l’homme…
Elric est un être consumé par la folie du jeu : de casino en casino, il s’adonne à la roulette, avec un mélange de volupté et de désespoir. Sa rencontre avec Suzie va bouleverser sa vie, mais au lieu de le guérir de sa passion maladive, Suzie sombre à son tour dans l’enfer du jeu…
« Ironiquement, Barbet Schroeder n’a pas vraiment filmé l’infilmable (l’expérience du joueur) mais il a réussi en fin de parcours un suspense hyperpalpitant. »
Après une rupture amoureuse, Allison décide de partager son appartement. Elle trouve la colocataire idéale en la personne d’Hedra, jeune fille modeste et réservée. Mais bientôt, le comportement d’Hedra devient inquiétant…
Le 3e film de la période hollywoodienne de Schroeder, commencée avec Barfly. Le cinéaste s’y essaie au Thriller psychologique avec réussite, et avec un duo d’actrices exceptionnelles.
L’écrivain F. Vallejo, de retour à Medellin après 30 ans d’absence, rencontre Alexis, 16 ans. Alexis fait partie de ces assassins qui tuent à la commande. L’amour va naître entre eux, un amour fou à l’image de cette ville…
« (…) Schroeder met en scène la cohabitation entre le Medellín de jadis et celui d’Escobar, et cette transmission impossible n’est pas le moindre aspect de la beauté désespérée du film. »
Le corps d’une jeune femme est retrouvé au fond d’un fossé, dans les bois d’une petite bourgade de la côte californienne. L’inspecteur Cassie Mayweather, vétéran de la police criminelle, et son nouveau coéquipier, Sam Kennedy, sont chargés de l’enquête…
« Schroeder met en scène un Thriller intelligent que l’on peut prendre à la fois comme une critique sociale et une analyse subtile de la psychologie du criminel. »
Quelle conviction guide Jacques Vergès ? Au départ de la carrière de cet avocat énigmatique : la guerre d’Algérie et Djamila Bouhired, la pasionaria qui porte la volonté de libération de son peuple. Le jeune homme de loi épouse la cause anticolonialiste, et la femme, puis disparaît huit ans. À son retour, Vergès défend les terroristes de tous horizons (Magdalena Kopp, Anis Naccache, Carlos) et des monstres historiques tels que Klaus Barbie…
Ibiza. Début des années 90, Jo a vingt ans, il vient de Berlin, il est musicien et veut faire partie de la révolution électronique qui commence. Pour démarrer, l’idéal serait d’être engagé comme DJ dans le club L’Amnesia. Martha vit seule, face à la mer, depuis quarante ans. Une nuit, Jo frappe à sa porte. La solitude de Martha l’intrigue…
Barbet Schroeder retrouve les décors d’Ibiza et la maison où fut tournée More.
Le grand écrivain américain Charles Bukowski (Contes de la folie ordinaire) évoque tour à tour devant la caméra de Barbet Schroeder ses obsessions sur la vie, la mort, la littérature, les femmes ou l’alcool…
Le film regroupe l’intégralité de 50 entretiens restés invisibles depuis leur diffusion à la télévision dans les années 1980, réalisés alors que Schroeder cherchait à financer Barfly (sorti en 1987), avec Mickey Rourke, sur un scénario de Bukowski.
Projection unique jeudi 25 mai à 14h30
(remerciements à Carlotta Films)