« Pendant quatre ou cinq mois (…) je me suis mis à parcourir les "villes perdues", les banlieues improvisées, très pauvres, qui entourent Mexico. Certaines choses vues sont passées directement dans le film (…). »
À l’occasion de la réédition en copies restaurées de plusieurs de ses films, l’Institut de l’image revient sur l’œuvre de Luis Buñuel. Des premiers films muets surréalistes (Un Chien Andalou) aux chefs-d’œuvre des années 70 écrits avec Jean-Claude Carrière (présent pour la projection du Fantôme de la liberté le 17 février), en passant par sa période mexicaine dans les années 50, Buñuel a acquis au fil du temps une réputation de cinéaste provocateur et iconoclaste. Mais son œuvre se situe bien au-delà : « plus que nul autre cinéaste, Luis Buñuel a peint inlassablement l’homme sous toutes ses coutures. Cet animal social pas toujours sociable, Buñuel, fin architecte de l’homme, l’a filmé en plan et en coupe, afin d’éprouver le degré de résistance des divers matériaux qui le composent » (Charles Tesson).
Photo ci-dessus : Belle de jour (1966)
Comme il est précisé dans le prologue, l’action pourrait aussi bien se dérouler à New York, Paris ou Londres. Mais nous sommes à Mexico, dans une banlieue pauvre, où des gosses sans famille apprennent à vivre seuls…
« Pendant quatre ou cinq mois (…) je me suis mis à parcourir les "villes perdues", les banlieues improvisées, très pauvres, qui entourent Mexico. Certaines choses vues sont passées directement dans le film (…). »
Francisco, riche propriétaire, tombe amoureux fou de Gloria. Il réussit à la détacher de son fiancé, Raoul, et à l’épouser. Quelques années plus tard, Gloria retrouve Raoul et lui raconte son enfer conjugal…
« El est un de mes films préférés. À vrai dire il n’a rien de mexicain. L’action pourrait se dérouler n’importe où puisqu’il s’agit d’un portrait de paranoïaque. Les paranoïaques sont comme les poètes. Ils naissent ainsi. »
L’ancien valet Alejandro, fortune faite, revient dans la propriété où vit Eduardo avec sa femme Catarina et sa sœur Isabel. Il veut se venger des anciennes humiliations …
« Comme tous les surréalistes, je me sentais très attiré par ce roman et je voulais en faire un film. L’occasion se présenta au Mexique en 1953. Je repris le scénario, certainement un des meilleurs que j’aie eu entre les mains. »
Petit garçon, Archibald de la Cruz découvre le sexe en même temps que la mort. Quand il retrouve la boîte à musique de son enfance, il tente de retrouver la saveur de ce premier choc érotique en commettant un meurtre…
« Sur cette trame, dont le freudisme basique n’est que le leurre le plus voyant, se déroule un éblouissant rêve éveillé. »
Viridiana souhaite entrer au couvent, mais la mère supérieure exige qu’elle aille d’abord rendre visite à son vieil oncle et bienfaiteur Don Jaime. Celui-ci, troublé par la ressemblance de sa nièce avec sa femme décédée, tente d’abuser de la jeune femme…
Après un long exil hollywoodien puis mexicain, Luis Buñuel revient dans son pays natal en 1961 pour y tourner Viridiana, qui fit, dans l’Espagne de Franco, l’un des scandales les plus retentissants de l’histoire du cinéma.
Engagée comme femme de chambre chez les Monteil, Célestine observe les petits travers de chacun : la fringale sexuelle de Monsieur, le refoulement aigri de Madame, le fétichisme raffiné du beau-père…
« Il faut remercier Louis Malle de nous avoir révélé la démarche de Jeanne Moreau dans Ascenseur pour l’échafaud (…) Merveilleuse comédienne, je me contentais de la suivre, la corrigeant à peine. Elle m’a appris sur le personnage des choses que je ne soupçonnais pas. »
Séance « Livres au cinéma » mardi 13 février à 20h (en partenariat avec Cinémas du Sud). Film précédé par une lecture (30 min environ) d’extraits du texte d’Octave Mirbeau par deux comédiens de la Compagnie Le Rouge et le Vert.
Simon vit en ermite au sommet d’une tour érigée en plein désert. Ses activités sont réduites au jeûne et à la méditation. Il lui arrive de s’ennuyer, et c’est dans ses moments de relâchement que le diable vient le tenter, apparaissant sous diverses formes…
Précédé par
Fleuron du surréalisme, le film est né de deux rêves, l’un fait par Buñuel (le nuage coupant la lune et le rasoir fendant un œil), l’autre par Dali (la main pleine de fourmis).
Pierre et sa jeune épouse Séverine se promènent en calèche. Soudain, après quelques mots d’amour, Pierre fait arrêter la calèche, Séverine est attachée à un arbre, puis elle est fouettée et "livrée" au cocher…
« Belle de jour est un objet très rare dans l’histoire du cinéma : une exploration de ce que Freud appelait le « continent noir », l’érotisme féminin, qui, avant nous, n’avait, je pense, jamais été tentée. »
Six mystères ou dogmes du catholicisme sont illustrés à travers deux vagabonds, Pierre et Jean, qui pour se faire un peu d’argent se rendent à Saint-Jacques-de-Compostelle…
« Fondé sur des recherches très sérieuses de son coscénariste Jean-Claude Carrière, ce catalogue des hérésies (…) reste constamment à hurler de rire, Buñuel ayant su trouver une équipe de comédiens sachant relayer à merveille son humour anarchiste. »
En 1929 à Tolède, une jeune orpheline, Tristana, est recueillie par Don Lope Garrido, un bourgeois sexagénaire et athée. Il impose à Tristana son ordre moral …
« Les films de Luis Buñuel ont commencé à changer vers la fin de sa vie. Une certaine douceur est venue s’installer là où il y avait violence. Buñuel parle toujours des travers de la vie bourgeoise, mais il le fait avec les couleurs artificielles du rêve éveillé. »
L’Ambassadeur de Miranda, un état d’Amérique du Sud, se livre à un trafic de drogue avec un groupe de bourgeois français. Mais chaque fois qu’ils veulent se rencontrer pour dîner, une circonstance imprévue vient contrecarrer leur projet…
« Un vaudeville fantastique et métaphysique (…) Un récit à tiroirs où l’imaginaire des personnages et leur réalité sociale s’imbriquent de manière à susciter constamment la stupéfaction, le rire et la complicité du spectateur ».
Une série d’épisodes sans lien logique : un couple de bourgeois trouve « répugnantes » des photos des monuments de Paris, une infirmière passe une soirée dans une curieuse auberge, on recherche une fillette alors qu’elle est bel et bien là, un tueur est condamné à mort et aussitôt libéré…
« La liberté, qui dans la première scène du film est une liberté politique et sociale, prend bientôt un autre sens, la liberté de l’artiste et du créateur, tout aussi illusoire que l’autre. De toute manière, il reste un des films que je préfère. »
Rencontre exceptionnelle avec Jean-Claude Carrière, co-scénariste du film, samedi 17 février à 14h30
En partenariat avec les Ecritures croisées
Au cours d’un voyage en train, Mathieu Faber raconte à ses voisins de compartiment ses amours avec Conchita Perez. Tombé amoureux de sa femme de chambre, il la voit se dérober à ses avances et le fuir sans cesse…
« J’avais tenu, tout au long de ce film qui raconte, longtemps après L’Âge d’or, l’histoire de la possession impossible d’un corps de femme, à installer un climat d’attentats et d’insécurité, celui que nous connaissons tous, où que nous vivions dans ce monde. »
"Désir & cinéma, dedans-dehors. Regard(s) depuis la prison"
samedi 24 février à 16h30
Séance en partenariat avec Lieux Fictifs - MP2018, Quel Amour !
8 films ont été proposés à un groupe de dix personnes détenues à la prison des Baumettes, projetés afin d’échanger sur la question du désir. Qu’en est-il quand on est dedans ? Quand on est dehors ? Comment les films ont pu nourrir ce questionnement ? Leurs paroles ont été enregistrées pour être diffusées en salle de cinéma et proposer avec le public un regard croisé.
En présence de Nicolas Feodoroff, programmateur et critique de cinéma, et Pierre Poncelet, coordinateur des ateliers cinématographiques menés aux Baumettes, qui ont accompagné ces échanges.