Bien avant Mai 68, Jean Vigo faisait souffler un vent de révolte et voler des plumes sur le cinéma français.
L’Institut de l’image a déjà consacré plusieurs rétrospectives à Mai 68. Cette année nous proposons une nouvelle fois, à travers quelques films et cinéastes emblématiques, de replonger dans l’esprit libertaire et joyeux de 1968.
Jean Vigo, en précurseur de ce mouvement de révolte contre toutes les autorités avec son sublime Zéro de conduite, a ouvert la voie ; Godard en France, Bertolucci en Italie et Fassbinder en Allemagne figurent parmi quelques-uns des plus incontournables réalisateurs qui ont accompagné ce vent de liberté.
Des films pour retrouver le souffle qui a accompagné le mouvement social et les luttes pour l’émancipation personnelle et culturelle d’une société encore très entravée par de nombreux carcans. Un mouvement qui permettra par la libération de la parole aux mouvements féministes de prendre leur ampleur comme en témoignent La Fiancée du pirate et Coup pour coup qui ressortent en salles pour l’occasion, ainsi que le court-métrage Albertine.
Et pour clore cette programmation, une question : que reste-t-il des idéaux de 68 dans la révolte des personnages de Nocturama ?
Deux invités, cinéastes, témoins et militants, Jacques Kébadian et Michel Andrieu, viendront présenter en avant-première leur film L’Île de mai.
Image ci-dessus : Zabriskie Point (1970)
Dans un collège de province, les élèves protestent contre la sévérité des professeurs. Quand l’un des pensionnaires est injustement puni, ses camarades préparent la révolte avec la complicité du nouveau surveillant…
Bien avant Mai 68, Jean Vigo faisait souffler un vent de révolte et voler des plumes sur le cinéma français.
En 1962 à Parme, Fabrizio, jeune militant du Parti communiste italien, est tiraillé entre sa vie bourgeoise et ses aspirations à suivre les idées marxistes qui parcourent le monde. Il rompt ses fiançailles avec Clelia, une jeune fille de bonne famille…
« (…) le fer de lance d’une nouvelle génération et d’une radicalisation tant esthétique que politique du cinéma italien, annonciatrice des événements de 1968. »
Dans un appartement aux murs recouverts de petits livres rouges, des jeunes gens étudient la pensée marxiste-léniniste. Leur leader, Véronique, propose au groupe l’assassinat d’une personnalité…
Réalisé un an avant les événements de Mai 68, La Chinoise est considéré comme un film prophétique.
Ce film évoque le rapprochement avec les ouvriers prôné par le mouvement étudiant et vigoureusement combattu par la CGT. Tournées à Nanterre, Flins, la Sorbonne, les images de grévistes prenant la parole dans les usines et les universités restituent cette quête d’expression et d’échange exprimée en Mai 68.
Précédé de
Albertine, le souvenir parfumé de Marie-Rose (Fr., 1972) 25 min – DCP
Réal. Jacques Kébadian & le collectif Eugène Varlin
(Copie numérisée par, et issue des collections de la Cinémathèque de Toulouse)
Albertine est une adolescente en rébellion contre l’école, la famille et la religion. Film-manifeste de l’insurrection d’une jeunesse qui revendique le droit à une sexualité sans entraves et le droit à l’avortement pour les mineures.
« [Un] film constitué pour l’essentiel de témoignages portant accusation, avec une précision difficilement réfutable, de l’utilisation délibérée et systématique des violences policières. Tel est le seul sujet du film de Jean-Luc Magneron, qui lui confère l’avantage, par rapport à beaucoup d’autres, d’un point de vue réellement documenté sur les événements. »
Une jolie vagabonde se venge des humiliations subies par elle et sa mère en séduisant tous les notables d’un village de la France profonde…
« La Fiancée du pirate est un film à la fois laid et magnifique esthétiquement, un conte féministe, surréaliste, contestataire, grotesque et réjouissant, tout à fait dans l’air du temps de la fin des années 60… »
Los Angeles, 1969. La contestation grandit dans les milieux universitaires. Marc, un jeune homme solitaire révolté par les arrestations arbitraires, achète un pistolet pour se protéger. Témoin d’une fusillade au cours de laquelle un étudiant noir est abattu par un policier, il s’apprête à riposter quand soudain le policier est abattu…
« Zabriskie Point est d’abord une splendeur formelle absolue. (…) Mais le propos est encore plus fort : l’exploration intimiste d’une faillite de civilisation. »
Une famille typique de la classe ouvrière de Cologne est réunie pour fêter les soixante ans de la grand-mère. Alors que Jochen, le petit-fils, est sorti faire le plein de champagne, il croise la jolie Marion et l’invite à la fête. Ce sera le début d’une grande histoire d’amour entre cet ouvrier toujours prêt à lutter pour plus de justice sociale dans son usine et cette jeune femme moderne et émancipée qui travaille dans un journal local…
Épisode 1 : Jochen et Marion (1h42)
Épisode 2 : Grand-mère et Gregor (1h40)
Épisode 3 : Franz et Ernst (1h33)
Épisode 4 : Harald et Monika (1h30)
Épisode 5 : Irmgard et Rolf (1h30)
Tarif pour 5 épisodes : 20 € (17 € avec la carte de fidélité)
Tarifs habituels pour un épisode.
Pour obtenir les horaires de diffusion de chaque épisode, voir la page "horaires".
Pour protester contre les brimades et cadences de travail, les ouvrières d’une usine de confection déclenchent une grève sauvage qui déborde bientôt les syndicats…
Coup pour coup est le dernier film d’une trilogie réalisée par le cinéaste pendant les années 1970. Entre la fiction et le documentaire, il interroge les conditions de travail et la place de la femme dans la société de l’après Mai 1968.
« Ancien rédacteur en chef aux Cahiers du cinéma, Jean-Louis Comolli signa en 1976 ce premier film tourné dans une improvisation allègre retraçant comment, à la fin du XIXe siècle, un groupe d’anarchistes italiens tenta de créer une communauté utopique au Brésil, sans chef, sans hiérarchie, sans patron, sans police, mais non sans conflits ni passions. »
Une poignée de jeunes gens, de milieux différents, entament chacun de leur côté un ballet étrange dans les dédales du métro et les rues de la capitale. Ils semblent suivre un plan et convergent vers un même point, un grand magasin, au moment où il ferme ses portes…
Avec Nocturama, « le regard du cinéaste opère (…) un surprenant glissement de sujet par rapport au reste de son œuvre où la révolte politique et le rejet de la société de consommation passaient avant tout par l’art, l’érotisme et la recherche pacifique d’une contre-société. »
Il y a 50 ans, avec notre collectif ARC, nous avons tourné le soulèvement de mai et Juin 1968. À partir de ces images et de quelques autres empruntées à des cinéastes amis, nous avons imaginé ce film : L’Île de Mai.
En avant-première, en présence de Jacques Kébadian & Michel Andrieu lundi 4 juin à 20h30
Le film sera précédé à 18h par une rencontre-débat avec Michel Andrieu et Jacques Kébadian autour du livre « Les Fantômes de Mai 68 » (éd. Yellow Now, 2018), suivie d’un pot avec le Bistrot Méjanes.
Une table de livres sera proposée par la Librairie Goulard.