Mizoguchi brosse ici un éblouissant portrait de femme, sacrifiée au nom de l’idéal artistique. Il rend hommage au théâtre japonais, à son éclat, mais aussi à sa cruauté, à travers le récit, inspiré d’une histoire vraie, de ce jeune acteur de kabuki.
À l’occasion de la ressortie en copies restaurées de plusieurs films de Mizoguchi, l’Institut de l’image revient sur l’œuvre du grand cinéaste japonais, à travers notamment ses chefs-d’œuvre des années cinquante, qui constituent la période de maturité de l’auteur des célèbres Contes de la lune vague après la pluie.
Photo ci-contre : Les Amants crucifiés (1955)
Tokyo, fin XIXe. Kikunosuke, un jeune acteur de kabuki très populaire, jouit d’un énorme succès auprès des femmes. Il est en réalité un piètre comédien, ce que personne n’ose lui dire car il est le descendant d’une célèbre lignée d’acteurs…
Mizoguchi brosse ici un éblouissant portrait de femme, sacrifiée au nom de l’idéal artistique. Il rend hommage au théâtre japonais, à son éclat, mais aussi à sa cruauté, à travers le récit, inspiré d’une histoire vraie, de ce jeune acteur de kabuki.
Le peintre Utamaro cherche à restituer sur ses toiles la beauté des femmes. Ses tableaux suscitent l’admiration ou provoquent le scandale. Seibosuke devient son élève…
« D’une structure complexe et dense, ce film aux personnages multiples est l’un des plus complets de Mizoguchi. La figure légendaire d’Utamaro lui donne l’occasion de se livrer à une sorte d’autoportrait indirect, passionné et sincère. »
Fin de l’ère Meiji. Lorsque Shinnosuke est présenté à Oshizu en vue d’un mariage, il est ébloui par sa sœur Oyu, plus âgée. Bien que celle-ci soit veuve, les conventions l’empêchent toutefois de se marier car elle reste liée à son défunt mari par l’enfant qu’ils ont eu ensemble …
« Le chef-d’œuvre absolu de son auteur, l’un de ses plus parfaits et les plus poignants. »
XVIe siècle. Deux villageois ambitieux partent à l’aventure : le potier Genjuro désire profiter de la guerre pour s’enrichir, le paysan Tobei rêve de devenir un grand samouraï. À la ville, Genjuro est entraîné par une belle et étrange princesse dans son manoir où il succombe à ses sortilèges…
« Le film le plus complexe du monde et le plus simple en même temps. L’équilibre parfait. »
Dans le Japon d’après-guerre à Gion, quartier populaire de Kyoto, la jeune Eiko décide de devenir geisha. Elle demande à Miyoharu d’assurer sa formation. Pour cela, il leur faut emprunter de l’argent à une influente propriétaire de maison de thé…
« Si la poésie apparaît à chaque seconde, dans chaque plan que tourne Mizoguchi, c’est qu’elle est le reflet instinctif de la noblesse inventive de son auteur. »
XIe siècle. Un gouverneur de province est exilé pour avoir pris le parti des paysans contre l’avis d’un chef militaire. Contraints de reprendre la route de son village natal, sa femme Nakagimi et ses enfants Anju et Zushio sont kidnappés par des bandits de grand chemin…
Présenté par Mathieu Macheret, critique de cinéma, et suivi d’une discussion samedi 9 novembre à 14h
Dans le quartier des plaisirs de Kyoto, Hatsuko dirige une maison de geishas. Étudiante à Tokyo, sa fille, Yukiko, revient chez sa mère après une tentative de suicide. D’allure et de tempérament moderne, elle rejette le métier de sa mère…
« Mizoguchi déploie tout l’éventail des passions : de la cruauté cérémonieuse des tyrans à la jubilation laconique des artistes, de la fidélité religieuse des mères au sacrifice sans bruit des jeunes filles, du cynisme joyeux des putains à la haine contagieuse des moines. »
XVIIe siècle. Mohei est le brillant employé de l’imprimeur des calendriers du palais impérial. O-San, la jeune épouse de son patron, sollicite son aide pour éponger les dettes de sa famille car son mari est trop avare. Mohei accepte et emprunte l’argent sur la commande d’un client…
« S’il [Mizoguchi] nous touche de très près, ce n’est pas parce qu’il démarque l’Occident, mais parce que, parti de fort loin, il aboutit à la même conception de l’essentiel. »
Chine, VIIIe siècle. L’Empereur Huan Tsung est inconsolable depuis la mort de l’Impératrice, délaissant les charges de l’Etat. Seule la musique lui apporte encore quelque joie. Un jour, on lui présente une jeune fille d’origine modeste qui ressemble à sa défunte épouse…
Le premier des deux films en couleurs réalisés par Mizoguchi, qui a aussi la particularité de se passer en Chine. Un travail raffiné sur les décors, les costumes, et bien sûr la couleur.
Dans une maison de tolérance du quartier des plaisirs de Tokyo, cinq femmes se vendent aux passants alors qu’une loi limitant la prostitution est sur le point d’être votée. Chacune rêve d’échapper à sa condition et de connaître une vie meilleure…
« L’art de Mizoguchi consiste à mettre le spectateur dans un état de contemplation critique, non admirative. On regarde, on juge. Et on jauge par le regard. »