« Imamura montre ce qui hanta toute son oeuvre : la chaîne infernale qui va de l’oppresseur à la prostituée, la chaîne des corps et de l’argent, l’exploitation du sexe dont l’occupant est responsable. »
Au mois de juin l’Institut de l’image rend hommage à Shōhei Imamura, le cinéaste aux deux Palmes d’or (pour La Ballade de Narayama et L’Anguille), ancien assistant d’Ozu, et l’une des figures majeures de la Nouvelle vague japonaise.
« Provocateur et iconoclaste, Imamura s’est affirmé, dans le courant des années 1960, comme l’une des figures de proue d’un jeune cinéma révolté, en rupture avec la tradition des grands studios. Il rompait surtout avec une conception idéalisée et œcuménique de l’être humain, pour saisir les motifs primaires de ses actes, à l’endroit tabou des pulsions sexuelles, des intérêts du « bas-ventre » et du souci d’autoconservation. Imamura, pour qui l’homme n’était peut-être qu’un animal un peu plus embarrassé que les autres, disait filmer « le bas du corps », ce qu’il faut aussi comprendre comme « le bas du corps social », puisqu’il ne s’est jamais soucié que des plus « viles » couches de la société : celles qui, étant le plus écrasées, exposaient donc comme à nu la vérité comportementale que le Japon déguisait sous l’apparat de sa modernité. »
Une troupe d’acteurs de théâtre itinérant de seconde zone quitte une grande ville pour rejoindre les campagnes nippones. Ils vont s’installer dans un petit village où ils vont trouver le succès. Mais les dissensions au sein de la troupe sont de plus en plus présentes…
Milieu des années 50, l’industrie du charbon au Japon vit des moments difficiles. Dans une petite ville sur l’île de Kyushu où est concentré l’essentiel de l’industrie charbonnière de l’archipel, le père de Kiichi, Yoshiko, Koichi et Sueko vient de décéder. Les quatre enfants se retrouvent livrés à eux-mêmes et obligés de trouver des petits boulots pour survivre…
Les marins de la base US ont transformé la ville de Yokosuka en un vaste bordel. Un jeune garçon, Kinta, et sa petite amie, Haruko, essaient de faire leur trou dans ce magma humain dévoyé…
« Imamura montre ce qui hanta toute son oeuvre : la chaîne infernale qui va de l’oppresseur à la prostituée, la chaîne des corps et de l’argent, l’exploitation du sexe dont l’occupant est responsable. »
Au début du siècle, Tome naît à la campagne dans la pauvreté la plus totale. Décidée à changer sa condition et à connaître la fortune par tous les moyens, elle part pour la ville. Son destin suit celui de son pays dont elle subit les bouleversements de front…
« Soumise, blessée dans son corps et réprimée dans ses désirs, prisonnière des préjugés, l’héroïne-type des films d’Imamura cherche à conquérir identité et autonomie, à se délivrer de ses inhibitions et des carcans. »
Après avoir accompagné son mari à la gare et envoyé son fils chez sa belle-mère, Sadako est suivie jusque chez elle par un jeune homme. Celui-ci force la porte de sa maison et la viole. La jeune femme, humiliée, en garde le secret. Quelques jours plus tard, l’homme revient et lui explique qu’il ne lui reste que peu de temps à vivre…
L’un des films majeurs d’Imamura, qui aborde à nouveau la question de la condition féminine au Japon.
Mr Ogata tourne des films, qu’il vend, avec des gadgets érotiques, à de riches particuliers afin de satisfaire leurs fantasmes. Alors que les demandes de ses clients se font de plus en plus étranges et extrêmes, les yakuzas se mêlent à sa juteuse petite affaire…
Basé sur le roman de Akiyuki Nosaka, cette "introduction à l’Anthropologie au travers des pornographes” (traduction littérale du titre) permet à Imamura d’interroger une fois encore la société japonaise et ses bouleversements.
Sur l’île de Kurage, la vie se partage entre légendes, superstitions et terribles secrets familiaux. Un ingénieur de Tokyo y est dépêché pour aider à faire parvenir de l’eau à la raffinerie de sucre, qui emploie les habitants de l’île …
« Profond Désir des dieux synthétise les obsessions de Shōhei Imamura (…) Au cœur de cette fresque ambitieuse se niche bien sûr l’évocation d’un Japon tiraillé entre tradition et modernité : esprit panthéiste et rituels chamaniques d’un côté, américanisation galopante et culte de l’économie de l’autre. »
La propriétaire d’un bar de Yokosuka, dans la banlieue proche de Tokyo, commente, à partir d’actualités cinématographiques qui lui sont projetées, l’histoire de son pays depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale jusqu’aux années 1970. Ses souvenirs et ses commentaires montrent comment le destin de son pays s’entrechoque avec son destin personnel.
Orin, une vieille femme des montagnes du Shinshu, atteint l’âge fatidique de soixante-dix ans. Comme le veut la coutume, elle doit se rendre sur le sommet de Narayama pour être emportée par la mort. La sagesse de la vieille femme aura d’ici-là l’occasion de se manifester…
Palme d’or à Cannes en 1983, La Ballade de Narayama a fait connaître Imamura au grand public.
Takuro Yamashita est remis en liberté après huit ans passés en prison pour le meurtre de sa femme adultère. Il ouvre un salon de coiffure dans la banlieue de Tokyo mais reste obstinément mutique, ne se livrant qu’à l’anguille qu’il a apprivoisée durant sa captivité…
« Cette ambiance provinciale et bon enfant (…) ressemble aussi aux petits films champêtres de John Ford. Imamura a retrouvé le secret de la douceur de vivre, de l’humour et de l’humanisme. »