« Entreprise de déminage, Nobody Knows inclut donc, pour les désamorcer, la plupart des figures imposées du mélo. (…) Si le film séduit par ce qu’il nous épargne, il fascine par ce qu’il donne à voir du mûrissement des êtres et des choses… »
Consacré par une Palme d’or au festival de Cannes en 2018 pour Une Affaire de famille, Hirokazu Kore-eda était déjà connu et apprécié du public français depuis ses premiers films de fiction sortis au tournant du nouveau millénaire, après avoir fait ses gammes dans le documentaire au début des années 90. Nobody Knows, Still Walking, Tel père, tel fils, Notre petite soeur révélèrent par la suite un cinéaste qui, en digne héritier du grand Ozu (même s’il s’en défend), n’a cessé d’observer la société japonaise et ses dysfonctionnements à travers les mésaventures de familles soumises à de profonds bouleversements. Dans ces familles « recomposées » ou « dé-composées », souvent redéfinies par des éléments extérieurs (échanges de bébés, adoptions…), les liens affectifs prédominent sur les liens du sang. Et si Kore-eda filme ces liens avec subtilité, il porte également sur les enfants, loin de toute mièvrerie, l’un des plus beaux regards du cinéma contemporain.
Image en haut de page : Tel père, tel fils (2013)
Quatre enfants sont abandonnés par leur mère, livrés à eux-mêmes dans un appartement de Tokyo. L’aîné de la fratrie, Akira, tente de maintenir les apparences d’une vie normale…
« Entreprise de déminage, Nobody Knows inclut donc, pour les désamorcer, la plupart des figures imposées du mélo. (…) Si le film séduit par ce qu’il nous épargne, il fascine par ce qu’il donne à voir du mûrissement des êtres et des choses… »
À Yokohama, une famille commémore la mort tragique du frère aîné, décédé quinze ans plus tôt en tentant de sauver un enfant de la noyade…
« L’atmosphère nous replonge dans les beaux films d’Ozu et de Naruse (…) Kore-eda orchestre ce rituel truffé de non-dits sans jamais se départir de son regard tendre et malicieux. Prônant un regard enchanteur, Still Walking est un film sensible imprégné d’un humour discret. »
Sur l’île de Kyushu, deux frères sont séparés après le divorce de leurs parents. L’aîné, Koichi, âgé de 12 ans, part vivre avec sa mère chez ses grands-parents au sud de l’île, près du volcan. Son petit frère, Ryunosuke, est resté avec son père au nord de l’île…
« Filmer des enfants (…) me fait vraiment réfléchir. Je commence à voir la société à travers leurs yeux et leur existence. Peut-être est-ce parce que je suis père maintenant, mais tous les adultes dans I Wish sont des adultes auxquels je souhaite ressembler. Je veux être un adulte qui attend ses enfants au retour de leurs aventures, sans en faire toute une histoire. »
Tous les repères d’un couple aisé vivant à Tokyo volent en éclats quand la maternité où est né leur enfant leur apprend que deux nourrissons ont été échangés à la naissance : le garçon qu’il ont élevé n’est pas le leur et leur fils biologique a grandi dans un milieu plus modeste…
« Tel père, tel fils est exemplaire de cette double visée documentaire et intimiste en faisant déboucher un fait divers vers une interrogation d’ordre métaphysique. »
Trois sœurs vivent ensemble à Kamakura. Par devoir, elles se rendent à l’enterrement de leur père, qui les avait abandonnées. Elles font alors la connaissance de leur demi-soeur, Suzu, âgée de 13 ans. D’un commun accord, les jeunes femmes décident d’accueillir l’orpheline…
« Physionomiste en diable, Kore-eda filme si bien les visages et les corps que l’on finit par percer le mystère quasi alchimique de ces quatre sœurs dont l’enfance fut en grande partie volée. »
Écrivain prometteur, Ryota accumule les désillusions. Divorcé, il ne peut plus payer la pension alimentaire de son fils. Alors qu’il tente de regagner la confiance des siens, un typhon oblige toute la famille à passer une nuit ensemble…
« Le travail sur le temps que mène Kore-eda est particulièrement fin, comme infusé à l’ensemble de son film (et au-delà, de sa filmographie) : on y interroge ce que signifie faire son deuil (…), vivre dans le présent (« on doit remercier l’époque, toute mesquine qu’elle soit »), dépasser les histoires d’amour (« on n’aime que ce que l’on a perdu »).
Au retour d’une nouvelle expédition de vol à l’étalage, Osamu et son fils recueillent dans la rue une petite fille qui semble livrée à elle-même. D’abord réticente à l’idée d’abriter l’enfant pour la nuit, la femme d’Osamu accepte de s’occuper d’elle lorsqu’elle comprend que ses parents la maltraitent…
« Ce film, le plus beau, le plus émouvant, le plus puissant de son auteur, pourrait porter en exergue ce vers de Bob Dylan : "Pour vivre hors la loi, il vous faut être honnête." »
Un célèbre avocat est chargé de défendre un homme arrêté pour meurtre. Alors que tout accuse le suspect, l’avocat va pourtant douter de la culpabilité de son client…
« Adoptant l’esthétique d’un polar néo-noir, The Third Murder décrit patiemment un engrenage qui met le spectateur sous pression : précision de la photographie, teinte froide des couleurs, profondeurs des noirs, musique atmosphérique qui construit des ambiances pesantes. »
Fabienne, icône du cinéma, est la mère de Lumir, scénariste à New York. La publication des mémoires de cette grande actrice incite Lumir et sa famille à revenir dans la maison de son enfance. Mais les retrouvailles vont vite tourner à la confrontation…
« En japonais comme en français, Kore-eda suit sa ligne créatrice et confirme avec La Vérité son talent de directeur d’acteurs, en l’occurrence d’actrices, que ce soit Catherine Deneuve ou Juliette Binoche. »
Par une nuit pluvieuse, une jeune femme abandonne son bébé. Il est récupéré illégalement par deux hommes, bien décidés à lui trouver une nouvelle famille. Lors d’un périple insolite et inattendu à travers le pays, le destin de ceux qui rencontreront cet enfant sera profondément changé…
Le dernier film de Kore-eda observe à nouveau une bien étrange famille, mais cette fois par le biais d’un superbe road-movie tourné en Corée.