Six films du grand cinéaste japonais Yasujirô Ozu ressortent en copies neuves cet automne pour l’anniversaire des 120 ans de la naissance du réalisateur. L’occasion de redécouvrir des classiques comme Il était un père, Récit d’un propriétaire ou Dernier caprice, mais aussi de découvrir des œuvres plus rares, voire inédites, comme Femmes et voyous, Une Femme dans le vent, ou Les Sœurs Munakata, qui couvrent une large période allant des années 1930 aux années 1960.
Image ci-contre : Dernier caprice (1961)
La moderne Tokiko mène une double-vie : dactylographe le jour, elle traîne avec une bande de gangsters le soir. Le chef des malfrats s’appelle Joji, et il aime se montrer dans un club de boxe et dans les night-clubs où l’on joue du jazz…
« La mythologie du gangster va donner parmi les meilleurs films hollywoodiens de cette décennie, et Ozu le cinéphile y trouvera une source d’inspiration dès Va d’un pas léger. Cette réappropriation se teinte toutefois d’un véritable sentimentalisme, et le milieu de la pègre (…) est surtout le théâtre de tourments amoureux plutôt que de pétaradants règlements de compte. »
Dans une ville de province, Shuhei Horikawa, un enseignant veuf, mène une vie modeste avec Ryohei, son fils unique. Lors d’un voyage scolaire, un élève se noie. Shuhei prend la responsabilité de l’accident et décide de retrouver sa région natale…
Tourné pendant la Seconde Guerre Mondiale, Il était un père reste l’un des films préférés d’Ozu. Autour des relations entre un père et son fils, le cinéaste propose une réflexion universelle sur la rivalité et le legs des valeurs familiales et culturelles.
Présenté par Pascal-Alex Vincent dimanche 26 novembre à 14h30
Spécialiste du cinéma japonais, Pascal-Alex Vincent est l’auteur du livre « Yasujirô Ozu, une affaire de famille » (éditions de La Martinière, parution le 13 octobre 2023 – préfacé par Wim Wenders).
Une table de livres sera proposée par la librairie Lagon Noir.
Dans le Tokyo de l’immédiat après-guerre, un petit garçon erre dans les rues. Hélas, dans ce quartier déshérité de la capitale, personne ne souhaite s’occuper du jeune sans-abri. Après tirage au sort, celui-ci est finalement confié à Tane, une veuve acariâtre qui n’a jamais aimé les enfants…
« Pour Ozu, un nouveau chapitre commence, et Récit d’un propriétaire ressemble à la conclusion d’un parcours entamé au début des années 1930, au service du "shomin-geki" [films à la gloire des classes moyennes], genre qu’il contribua à inventer. »
Tokiko vit seule avec son jeune fils Hiroshi en attendant que son mari, Shuichi, soit démobilisé. La jeune femme tente de survivre en vendant ses vêtements, mais lorsque son enfant tombe gravement malade, elle est contrainte de se prostituer un soir pour payer les frais d’hospitalisation…
Film inédit au cinéma en France.
« Je voulais faire un film qui ne soit pas seulement sur la guerre, mais qui évoque aussi le monde de la défaite. »
Setsuko et Mariko Munakata ont beau être sœurs, tout les oppose. L’extravertie Mariko profite de sa jeunesse et de sa liberté, tandis que Setsuko travaille d’arrache-pied pour entretenir son mari Mimura, un homme taciturne et alcoolique…
« Hideko Takamine la star d’après-guerre face à Kinuyo Tanaka la star d’avant-guerre : voilà le programme. “Nous avons grandi dans des époques différentes”, se disent les soeurs Munakata (…) Une nouvelle fois, Ozu parle du temps qui passe. Qu’a-t-on abandonné, qu’a-t-on accueilli ? Qu’a-t-on laissé filer, qu’a-t-on laissé entrer ? »
Manbei, le patron d’une petite brasserie de saké au bord de la faillite, est entouré de ses trois filles : l’aînée, Akiko, veuve et mère d’un petit garçon, qu’il souhaite remarier ; la cadette, Fumiko, dont l’époux, gérant de la brasserie, se dévoue corps et âme pour la survie de l’entreprise ; et la benjamine, Noriko, qui refuse tous les prétendants choisis par sa famille…
Bénéficiant d’un budget considérable, Dernier caprice est l’une des premières œuvres d’Ozu à parvenir en Occident grâce à sa sélection au Festival de Berlin en 1962. C’est l’avant-dernier film du cinéaste.
Cité du livre 8 - 10, rue des Allumettes 13098 Aix-en-Provence cedex 2 - 04 42 26 81 82
