L’Inde est un continent de cinéma qui a su inventer depuis plus d’un siècle des langages cinématographiques foisonnants. Qu’ils soient auteuristes, avant-gardistes ou populaires, ils sont les reflets des multiples langues, cultures et influences qui les composent. Car il n’existe pas un, mais des cinémas indiens, et c’est cette richesse que l’Institut de l’image cherche à montrer avec une programmation éclectique dans laquelle se côtoient le Bengale néo-réaliste de Satyajit Ray, le Bombay docu-fiction de Mira Nair, le Mumbai militant aux chants contestataires en marathi de Chaitanya Tamhane (Court), le Rajasthan folklorique réinvestis par l’indéfinissable Mani Kaul, ou encore l’immortelle Lucknow de Muzaffar Ali (Umrao Jaan). Enfin, pour compléter ce panorama, Rajkumar Hirani dépasse les frontières de l’Inde et invite spectateurs et spectatrices à changer de point de vue en passant d’une petite ville indienne à l’Europe et au Moyen-Orient, avec un blockbuster attendu par les fans de Bollywood (Dunki).
Remerciements à Hélène Kessous et Amandine D’Azevedo
Image en haut de page : Le Monde d’Apu (1958)
Dans un petit village du Bengale, vers 1910, Apu, un garçon de 7 ans, vit pauvrement avec sa famille dans la maison ancestrale. Son père, se réfugiant dans ses ambitions littéraires, laisse sa famille s’enfoncer dans la misère …
« La ressortie de la trilogie d’Apu constitue un événement majeur dans la mesure où elle a révélé, dès son premier film, Pather Panchali (…), un cinéaste important à l’échelle du cinéma mondial, tout en ouvrant, par la nature même de ce film, une nouvelle voie aux cinémas de l’Inde, à l’époque très méconnus. »
Apu a 10 ans et il est installé avec sa famille à Bénarès. Sur les escaliers qui dominent le Gange, son père gagne désormais sa vie en lisant des textes sacrés. Suite au décès inattendu de ce dernier, sa mère décide alors de retourner vivre à la campagne. Devenu un élève brillant, Apu décroche une bourse et part étudier à Calcutta, laissant sa mère déchirée par le chagrin…
Calcutta, 1930. Apu rêve de succès littéraire, mais faute d’argent il doit interrompre ses études et affronter le monde du travail. Un jour son ami Pulu l’emmène au mariage de sa cousine. Suite à l’accès de folie du jeune marié, Apu, venu en tant que simple invité, se voit contraint d’épouser la jeune femme pour lui éviter le déshonneur…
En 1905, au moment de la partition du Bengale, un couple fortuné, Nikhil et Bimala, reçoivent Sandip, un ami nationaliste acharné. Encouragée par son mari à être une femme « moderne », Bimala est d’abord séduite par Sandip, avant de progressivement découvrir sa duplicité…
Satyajit Ray écrit l’adaptation du roman de Rabindranath Tagore (prix Nobel de littérature en 1913) avant même de tourner Pather Panchali, son premier film, en 1955. Finalement, c’est 30 ans plus tard, en 1984, qu’il réalise enfin son projet, parfois considéré comme le testament spirituel du cinéaste.
Présenté par Amandine D’Azevedo, Maîtresse de conférences en cinéma à l’Université Paul Valéry de Montpellier, samedi 13 janvier à 14h30
L’histoire d’amour de Mallika et Kâlidâsa, grand poète et dramaturge, figure incontournable de la littérature sanskrite. Vilom, leur ami, n’est au départ que le simple témoin de leur relation, mais vient le moment où Kâlidâsa doit quitter sa vallée pour les splendeurs lointaines d’Ujjain, où il rencontrera la gloire…
« La splendeur de ce cinéma y prend un tour insoupçonné : méandre mental et cage de reflets, l’image s’y confond avec l’inconsistance de l’être, traduisant l’incertitude fondamentale de sa présence terrestre. »
Un marchand revient chez lui avec sa nouvelle épouse, avant d’être renvoyé à la ville s’occuper du commerce familial. Un fantôme tombe amoureux de la jeune femme, et prenant l’apparence de son mari absent, décide de vivre avec elle. Celle-ci met au monde un enfant…
« La poétisation du monde est définitive dans Duvidha, sans conteste le chef-d’œuvre de Mani Kaul, faisant de son récit fantastique fondé sur la figure du doppelganger une façon de reconsidérer le monde, d’affadir le réel pour faire du fantasme illusoire une perspective envisageable. »
Krishna, jeune garçon âgé de 10 ans, est abandonné par le cirque itinérant pour lequel il travaille et se retrouve perdu à Bombay avec le rêve de gagner 500 roupies qu’il rapportera à sa mère dans son village natal…
« Autant que l’enfant brun aux yeux immenses, Bombay est au cœur du film. La caméra de Mira Nair filme la ville et l’enfant comme autrefois De Sica filmait une autre ville et un autre enfant : c’était Le Voleur de bicyclette. »
Le corps d’un ouvrier du traitement des eaux est retrouvé dans une bouche d’égout à Bombay. Narayan Kamble, chanteur folk contestataire, est alors arrêté en plein concert, accusé d’avoir incité l’homme au suicide par l’une de ses chansons. Un procès a lieu, de plus en plus labyrinthique et absurde…
« Chaitanya Tamhane signe un beau film engagé qui renouvelle habilement les mécanismes du film de procès pour mieux imposer sa radiographie subtile de la société indienne… »
À Faizabad, en Inde britannique, en 1840. Amiran, âgée de huit ans, est enlevée à sa famille par leur voisin, Dilawar Khan, et vendue à madame Khanum Jaan, propriétaire d’une maison de plaisir à Lucknow où elle forme des courtisanes. Amiran, qu’on renomme Umrao Jaan, apprend dès lors à lire, écrire, danser, chanter et charmer les hommes…
Adapté d’un roman de Mirza Hadi Ruswa, un classique du cinéma de Bollywood.
Séance unique (en vosta) samedi 20 janvier à 17h15, présenté par Hélène Kessous
Dans un village, un groupe d’amis se met en tête d’émigrer vers le Royaume-Uni en empruntant une route clandestine appelée "Dunki", au péril de leur vie…
Un film contemporain à grand spectacle pour compléter cette programmation, sorti au mois de décembre dans le monde entier et réalisé par Rajkumar Hirani, cinéaste très populaire en Inde.
Séance unique dimanche 21 janvier à 14h30, présentée par Hélène Kessous
Cité du livre 8 - 10, rue des Allumettes 13098 Aix-en-Provence cedex 2 - 04 42 26 81 82
