« À partir d’une intrigue qui aurait pu donner naissance à un mélo sordide, Ophuls dresse un portrait de femme d’une sophistication exceptionnelle. Chez Ophuls le désespoir se pare toujours d’une grande élégance à la fois morale et esthétique. »
Né en Allemagne, venu du théâtre, Max Ophuls débute au cinéma à l’aube du parlant. Il signe plusieurs mélodrames stylisés en Allemagne et en France dans les années 1930 puis s’exile à Hollywood. Là, il réalise des films tout aussi personnels (Lettre d’une inconnue), qui tranchent par leur secrète inspiration « Mitteleuropa » avec la tradition hollywoodienne. À son retour en France, il signe d’authentiques chefs-d’œuvre : La Ronde, Le Plaisir, Madame de… et Lola Montès, son dernier film ainsi que son premier en couleurs. Au-delà de la diversité des genres abordés, il a imposé un style raffiné d’une élégance folle, un génie de l’arabesque formelle au service de sensibles portraits de femmes.
Image ci-dessus : La Ronde (1950)
Evelyne, une jeune femme tombée dans la déchéance après avoir vécu dans l’opulence, exerce le métier d’entraîneuse pour nourrir son petit garçon. Georges, un canadien qu’elle a connu autrefois, la retrouve. Leur amour est intact, et Evelyne ne peut se résoudre à lui dire la vérité…
« À partir d’une intrigue qui aurait pu donner naissance à un mélo sordide, Ophuls dresse un portrait de femme d’une sophistication exceptionnelle. Chez Ophuls le désespoir se pare toujours d’une grande élégance à la fois morale et esthétique. »
Vienne, 1900. Quelques heures avant l’aube et sur le point d’affronter en duel un adversaire, un mari trompé, Stefan reçoit une longue missive d’une inconnue. Démarre alors en flashback le récit émouvant et douloureux de la passion d’une femme pour un homme à son insu…
Deuxième film de Max Ophuls tourné lors de son exil aux États-Unis, Lettre d’une inconnue est une adaptation de la nouvelle de Stefan Zweig. Admirablement interprété par Joan Fontaine et Louis Jourdan, ce chef-d’œuvre mélancolique décrit comme nul autre les tourments de la passion amoureuse dans une Vienne fantasmatique.
Un narrateur, le « meneur de jeu », présente une série d’histoires tournant autour de rencontres amoureuses ou « galantes ». La « ronde » passe de la prostituée au soldat, du soldat à la femme de chambre, de la femme de chambre au fils de famille, et ainsi de suite…
Premier film français de Max Ophuls après son retour des États-Unis en 1950, adaptation libre d’une pièce d’Arthur Schnitzler jugée « pornographique » à sa sortie, La Ronde est une réflexion désenchantée sur la vacuité du sentiment amoureux face au plaisir charnel.
Le Plaisir adapte trois nouvelles de Guy de Maupassant, prétexte à une exploration des thèmes de l’amour, du plaisir mais aussi de la mort et du désespoir…
« Le plaisir chez Ophuls, c’est d’abord celui de filmer, avec cette exubérante virtuosité qui rebutait quelque peu les critiques de l’époque. Il fallut la ténacité d’un Truffaut pour porter aux nues son cinéaste de chevet, qui signe là le second film de son tardif retour en France. L’histoire a donné raison aux critiques des Cahiers du Cinéma, en imposant Ophuls, au même titre que Renoir et Rossellini, comme un maître d’exception. »
Afin de payer une dette de jeu, Madame de… vend les boucles d’oreilles que son mari lui a offertes, et feint de les avoir perdues. Les bijoux, changeant de mains à de multiples reprises, provoquent une série de conflits et de quiproquos dramatiques…
« Avant-dernier long-métrage de Max Ophuls, Madame de… est le dernier film que le cinéaste tourne avec sa muse, Danielle Darrieux. (…) Classique et avant-gardiste, grave et élégant, Madame de… est un incontestable chef d’œuvre sur le sentiment d’être "perdue dans un univers qui ne finit pas d’être". »
À la Nouvelle-Orléans, au milieu du XIXe siècle, un cirque gigantesque donne en représentation la vie scandaleuse de Lola Montès, alias comtesse de Landsfeld…
Le dernier long métrage d’Ophuls, boudé par le public et retravaillé par ses producteurs avant d’être réhabilité par des cinéastes comme Cocteau, Godard ou Tati. Trouvailles visuelles, fulgurances de mise en scène et explosion de couleurs composent une œuvre foisonnante d’inventivité, parabole tragique sur une héroïne devenue monstre de foire (Cinémathèque française).