« Je dirais qu’après The Lodger, The Ring a été le deuxième film d’Hitchcock. Il y avait là toutes sortes d’innovations et je me souviens qu’une scène de montage assez élaborée a été applaudie à la première du film. »
Au mois de mai l’Institut de l’image vous invite à redécouvrir un pan de l’œuvre d’Alfred Hitchcock, la « période anglaise », qui comprend les films muets ainsi que les premiers films parlants du réalisateur de Psychose.
On dit souvent que le cinéma muet a tout inventé. Ce sera l’occasion de vérifier ce qu’a pu inventer Hitchcock à ses débuts, comment son œuvre a peu à peu pris forme, y compris dans ce moment charnière que représente le passage du muet au parlant (qui s’incarne ici dans le film Chantage, présenté dans ses deux versions), avant l’accomplissement hollywoodien et les plus grands succès du cinéaste.
Du suspense, il y en aura dans cette œuvre « des origines », et également de la comédie, du drame et de l’aventure, mais aussi un cinéma plus social :
« La société est une matière, mais c’est aussi une scène. Une tapisserie, selon un mot cher au cinéaste. La civilité, les lieux publics, les rites et les rituels en tous genres sont ainsi les tremplins nécessaires aux plus extraordinaires inventions. » (Emmanuel Burdeau)
Image en haut de page : Meurtre (Murder !, 1930)
Jack, boxeur dans une foire, propose aux badauds de se mesurer à lui, tandis que sa fiancée vend les billets. Un jour, un homme fait des avances à la jeune femme. Jack le défie alors de l’affronter…
« Je dirais qu’après The Lodger, The Ring a été le deuxième film d’Hitchcock. Il y avait là toutes sortes d’innovations et je me souviens qu’une scène de montage assez élaborée a été applaudie à la première du film. »
Une jeune et jolie héritière américaine rejoint par défi l’homme qu’elle aime. Mais son père voit ce départ d’un mauvais œil et fait suivre le couple…
« Comédie mondaine (…) satire des riches, de leurs privilèges et de leurs aveuglements, revers de fortune et quiproquos entre les classes : À l’américaine prouve les similitudes entre les cinémas d’Alfred Hitchcock et d’Ernst Lubitsch. »
Caesar Cregeen oblige le pêcheur Pete Quilliam à faire fortune avant d’épouser sa fille. Pete part alors pour l’Afrique du Sud, mais, en son absence, sa fiancée tombe amoureuse de son meilleur ami…
« Bénéficiant de splendides décors naturels (…), Hitchcock joue des accidents et déclivités du relief, falaises abruptes, rues noueuses du village, et même une escapade en forêt qui évoque la peinture anglaise du XVIIIe siècle. »
Alice White est la fille d’un commerçant londonien. Son petit ami, Frank Weber, est policier. Alice s’ennuie avec Frank et rencontre secrètement un autre homme, Tracy, qui tente de l’agresser. En se défendant, elle le tue avec un couteau de cuisine …
« Il faut voir les deux Chantage. La version muette, qui par la rareté de ses intertitres semble anticiper le parlant. Et la version parlante, dont la longue ouverture décrivant les méthodes policières est entièrement silencieuse. Il faut voir les deux pour prendre conscience de toute la force et de toute la joie des expérimentations hitchcockiennes. »
Un acteur est choisi comme membre d’un jury au cours du procès d’une jeune femme accusée d’avoir assassiné une amie. Convaincu de l’innocence de la jeune femme, l’acteur décide de prouver son innocence en recherchant le véritable assassin…
Comme Chantage, Meurtre propose déjà la plupart des motifs qui feront à la fois la réussite esthétique et le succès commercial des plus grands films du cinéaste.
Les membres d’une prestigieuse famille britannique font chanter un industriel pour l’obliger à leur revendre un terrain sur lequel il prévoit d’implanter une nouvelle usine…
« Au centre de ce film il y a d’abord le génial Edmund Gwen, qu’Hitchcock retrouvera dans Mais qui a tué Harry ? Il y a aussi, chose rare chez le cinéaste, surtout à cette époque, une gravité presque constante. C’est qu’il s’agit d’opposer deux mondes, deux époques, deux visions de l’Angleterre au début du XXe siècle. »
Grâce à un héritage, Fred embarque, en compagnie de son épouse Emily, pour une croisière autour du monde. Sur le bateau, chacun fait des rencontres, et le jeune couple ne tarde pas à se déchirer…
« Très original, ce travelogue (« récit de voyage ») intime manie une grande diversité de registres : s’ouvrant sur une pure symphonie urbaine qui tient encore de l’art muet, il passe ensuite au vaudeville maritime, au récit d’aventures exotiques, à la comédie de remariage. »
Un détective, à la recherche d’un collier volé, se retrouve dans une maison étrange qui semble à l’abandon. Il va alors se retrouver nez à nez avec un vagabond, puis avec une femme et enfin un corps…
« Film volontiers délirant – Hitchcock lui-même reconnaissait n’y rien comprendre –, Numéro 17 se regarde avec bonheur. Pour sa brièveté, 1h04, qui passe comme un rêve. Pour le décor quasi unique, la cage d’escalier d’un immeuble poussiéreux, la nuit. (…) Pour la première occurrence d’une figure appelée à devenir emblématique, celle d’un couple enchaîné suspendu au-dessus du vide… »
En vacances en Suisse avec sa fille, un couple se lie d’amitié avec un Français qui est assassiné. Avant de mourir, il les prévient qu’un diplomate va aussi être assassiné. Pour les empêcher de parler, les meurtriers enlèvent leur fille…
« Dans cette alliance entre comédie, drame et action, commencée sur un ton badin pour s’achever dans la violence d’une longue et impitoyable fusillade entre conspirateurs et policiers (…) on discerne à quel point Hitchcock, déjà, prétexte de la dévotion d’artisan inventif à ces genres savamment mêlés pour parler de choses moins évidentes. »
Un couple se dispute durant une nuit d’orage. Le lendemain, le corps de la femme est retrouvé sur la plage par Robert Tisdall, un proche. Or la ceinture qui a servi à étrangler la victime semble provenir de son imperméable, qu’il affirme s’être fait voler…
Resté célèbre pour son extraordinaire plan-séquence qui nous dévoile le coupable à la fin du film – plan refait plus tard dans Les Enchaînés – Jeune et innocent fait partie des classiques de la période anglaise d’Hitchcock.