Premier volet de la trilogie marseillaise, réalisé par Alexandre Korda (Fanny sera réalisé par Marc Allégret l’année suivante) mais avec l’étroite participation de Pagnol, qui tournera seul et quelques années plus tard l’ultime volet, César.
Si les vraies redécouvertes sont devenues rares, celles de cette ampleur sont carrément exceptionnelles. Nous avons aujourd’hui la chance immense de voir enfin des films dont nous avons toujours entendu parler, que nous avions sans doute déjà vus mais dont nous avions tout oublié ou presque : La Femme du boulanger, Angèle, César, Jofroi… Avec Renoir, Grémillon et Guitry, avec quelques autres encore, Pagnol fut un des très grands cinéastes français des années 1930. À cause de sa passion pour le parlant alors débutant, en raison de la parole qu’il fait entendre, parole si pleine – si ivre – qu’elle en vient à saturer tout, jusqu’à l’air du midi. D’une telle parole, élevée à la hauteur d’un acte autonome, André Bazin avait raison d’écrire que l’action ne peut être que la prolongation, voire la dégradation. Le cinéma de Pagnol est excessif, il déborde, il délire. C’est pourquoi il étonne et fait tant rire. Et pourtant Pagnol cinéaste n’est pas seulement grand de cette manière qu’on peut, à la limite, continuer de dire théâtrale. Il l’est aussi par certains accès de réalisme brut, des tournages en décors naturels, des trouées documentaires, des aperçus de cette vie paysanne que le cinéma, au fond, n’aura que peu représentée. Entre scène et terre, cet art reste unique.
Marius est un jeune homme que la mer exalte. Il aime son père César, bourru et bonhomme, il aime aussi la petite Fanny qui vend des coquillages devant le bar de César. Depuis son enfance, l’envie de courir le monde l’enflamme …
Premier volet de la trilogie marseillaise, réalisé par Alexandre Korda (Fanny sera réalisé par Marc Allégret l’année suivante) mais avec l’étroite participation de Pagnol, qui tournera seul et quelques années plus tard l’ultime volet, César.
Marius est parti, cédant à l’appel du large. Il a laissé derrière lui son père César et sa fiancée Fanny, qui porte son enfant. Sans nouvelles de Marius, Fanny épouse le brave Honoré Panisse pour donner un père à son enfant…
« Si la Paramount avait soutenu Marcel Pagnol lors de ses débuts au cinéma, elle finit par rompre son contrat, [inquiète] du succès du cinéma parlant français. Pour empêcher cet essor et assurer la prédominance du cinéma américain, elle bannit Marcel Pagnol. L’écrivain décide alors d’adapter seul ses autres œuvres, à commencer par Fanny, 2e volet de la trilogie Marseillaise. »
Jofroi, fermier vieillissant, a vendu son verger de la Maussan à Fonse. Quand celui-ci vient en abattre les vieux arbres, Jofroi veut le tuer…
« Jofroi, son véritable premier film (et peut-être aussi le « premier film néoréaliste », comme l’affirmera Vittorio De Sica), inaugure en 1934 une décennie prolifique (…) avec une inspiration quasiment égale, culminant dans les prodigieux Angèle et Regain. »
Angèle, fille d’un fermier aisé, est séduite par un vaurien qui l’entraine à la ville où il l’oblige à se prostituer. Un valet de ferme, simple d’esprit au cœur d’or, parvient à la ramener au bercail avec son enfant, mais son père la répudie…
« Premier film français tourné entièrement en décors naturels, Angèle sera cité en exemple par De Sica pour l’école néoréaliste italienne. Et par Godard, qui rêva longtemps d’en faire un remake. »
Fanny, abandonnée par Marius, épouse Panisse qui adopte Césariot, l’enfant de l’amour, et l’élève comme son fils. Aujourd’hui, Césariot est adulte et Panisse se meurt. Fanny révèle la vérité à son fils qui décide de partir à la recherche de son père…
« Ce 3e épisode de la Trilogie Marseillaise, Pagnol l’écrit directement pour le cinéma, à la demande d’une vieille dame antiquaire du Vieux-Port venue le trouver : elle lui avoue qu’elle ne veut pas mourir sans connaître le dénouement de l’histoire d’amour entre Marius et Fanny ! »
Panturle est le dernier habitant d’un village abandonné. Tout autour, la terre sèche ne produit plus rien. Un rémouleur, Gédémus, arrive avec une jeune femme, Arsule, qu’il emploie pour tirer sa charrette. L’’amour qui va naître entre Panturle et Arsule transformera la destinée même du vieux village…
"Le film pour lequel j’ai construit un village", dira Marcel Pagnol de Regain à sa sortie en octobre 1937. Adapté du roman de Jean Giono, il est le plus ambitieux, le plus proche de l’univers de l’écrivain.
Présenté par Julien Ferrando (Maître de Conférence en musiques anciennes et nouvelles technologies – PRISM AMU-CNRS) jeudi 20 février à 20h (précédé d’une conférence sur la musique et le son dans le cinéma de Pagnol à 19h)
Quand le boulanger du village refuse de faire du pain parce que sa femme, volage, est partie avec un beau berger, le drame individuel prend alors une dimension collective…
« D’après l’œuvre de Jean Giono, un classique au succès colossal, de Marseille à New York, et qui suscita chez Orson Welles une admiration sans bornes. »
Jeune commis épicier un peu mythomane, Irénée, à qui le cinéma a tourné la tête, est convaincu qu’il deviendra un acteur célèbre. Il rencontre une équipe de tournage qui lui réserve une plaisanterie cruelle…
« Faire rire tous ceux qui mourront, faire rire tous ceux qui ont perdu leur mère, ou qui la perdront… Le rire n’est pas une espèce de convulsion absurde et vulgaire mais une chose humaine que Dieu a peut-être donnée aux hommes pour les consoler d’êtres intelligents. »
Au moment de la déclaration de la guerre, Patricia, jeune fille modeste, voit partir Jacques Mazel, aviateur dans l’armée, qui ignore qu’elle est enceinte. Blâmée par son père, puisatier, et rejetée par les Mazel, commerçants aisés, elle accouche chez une tante…
« Pagnol réunit deux monstres sacrés, Raimu et Fernandel, dans une œuvre bâtie sur les thèmes chers à l’auteur, et dont l’action (fait rare au cinéma) coïncide avec la période du tournage, pendant les événements de l’été 1940. »
Topaze, professeur intègre et naïf est mis à la porte de la pension Muche car il a refusé de truquer les notes d’un élève fortuné. Pour survivre, il devient bien malgré lui l’homme de paille d’un politicien véreux…
Une satire sociale féroce, qui marque la dernière collaboration, avant la brouille, entre Marcel Pagnol et Fernandel.